Jimi Hendrix
Le feu, le son, la liberté
« Il y a des musiciens qui jouent des notes, et d’autres qui invoquent des orages. En 1966, Londres vit l’arrivée d’un homme qui tenait une tempête entre ses doigts. »
Avant qu’il ne soit une légende, Jimi Hendrix fut un garçon timide, un rêveur de blues à la voix douce. Né à Seattle en 1942, il grandit entre pauvreté et solitude, avec pour seul compagnon un instrument qu’il n’avait pas appris à lire, mais qu’il savait déjà parler. De Harlem à Londres, de la sueur des clubs aux flammes de Monterey, Hendrix incarna la liberté — la vraie, celle qui grésille dans l’air avant l’orage.
Harlem — Les débuts du feu
Harlem, 1964. Le quartier vibre au rythme du R&B. Dans les clubs enfumés, on croise Sam Cooke, Otis Redding, les Isley Brothers. Et au fond d’une salle, un jeune guitariste inconnu joue dos au public. Ses doigts racontent ce que les mots ne peuvent pas dire.
Un soir, il rencontre Lithofayne “Faye” Pridgon — “la tante de Harlem”. Chanteuse, muse, âme flamboyante. Elle croit en lui avant tout le monde. C’est elle qui lui obtient un audition pour les Isley Brothers. C’est elle aussi qui inspirera plus tard Foxey Lady.
Faye le décrit ainsi : « Il pouvait s’asseoir des heures à écouter Elmore James. Il levait l’aiguille, la remettait, encore et encore, comme un enfant fasciné par une flamme. » Dans ces années obscures, il apprend le son avant la théorie. Les avions de la base militaire de Fort Campbell lui enseignent la puissance du bruit. Il dira plus tard : « Les avions m’ont montré ce que pouvait faire le son quand il bouge. »
Londres — La foudre et la reconnaissance
Automne 1966. Dans un club londonien, Chas Chandler découvre ce guitariste américain qui joue comme un dieu ancien. Il l’emmène à Londres, lui promettant la liberté artistique. Là-bas, il rencontre Eric Clapton — et le sidère. Sur scène, Jimi reprend Killing Floor trois fois plus vite que l’originale. Clapton quitte la scène, blême : « Tu ne m’avais pas dit qu’il était… comme ça. »
C’est aussi la naissance du Jimi Hendrix Experience : Mitch Mitchell à la batterie, Noel Redding à la basse. Ensemble, ils créent un séisme. Le son devient sculpture. Avec Roger Mayer, Hendrix invente la Fuzz Face et l’Octavia. “Il ne cherchait pas la perfection”, dira Mayer. “Il cherchait la vie.”
C’est l’époque de Are You Experienced — album fondateur. Purple Haze, Foxy Lady, The Wind Cries Mary. Trois morceaux devenus mythes. 👉 Découvre notre article The Wind Cries Mary — accords & rythme.
Le feu sur scène — Monterey, Woodstock et la démesure
Monterey, juin 1967. Hendrix met le feu à sa guitare. Littéralement. Ce soir-là, il ne joue plus : il offre. La scène devient un autel, la Stratocaster une prière en flammes. “On va faire une petite offrande.” Ces mots entrent dans l’histoire.
Deux ans plus tard, à Woodstock, il rejoue l’hymne américain — transformé en champ de bataille sonore. Les bombes, les sirènes, la douleur du Vietnam résonnent dans chaque larsen. C’est l’Amérique vue depuis le ciel.
Entre ces deux brasiers, Hendrix crée Electric Ladyland. Avec Eddie Kramer, il bâtit un cosmos sonore. Voodoo Chile, Little Wing, All Along The Watchtower. Dylan lui-même dira : “Quand j’ai entendu sa version, j’ai compris ma propre chanson.”
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Electric Lady — La dernière utopie
En 1970, à New York, il fonde Electric Lady — un studio, un rêve, un refuge. Les murs peints de galaxies, les amplis comme des totems. C’est là qu’il compose Machine Gun : cri contre la guerre, prière pour la paix. Il ne joue plus des solos, il raconte le monde.
À ses côtés : Eddie Kramer, architecte du son, et Roger Mayer, ingénieur de la foudre. Ensemble, ils redéfinissent la guitare comme une matière vivante. Hendrix voulait “entendre les couleurs du son”. Il y est presque arrivé.
Retour à la terre — L’héritage et la flamme
Le 18 septembre 1970, il s’éteint à Londres. Vingt-sept ans. Quatre albums. Et l’éternité. Ce qu’il laisse, c’est une lumière qui ne faiblit jamais.
- Are You Experienced (1967)
- Axis: Bold as Love (1967)
- Electric Ladyland (1968)
- Band of Gypsys (1970)
Et après lui, des centaines d’albums posthumes, de bootlegs, de versions inédites. Mais toujours cette même vibration : la recherche du son vivant.
Son influence traverse les âges : de Bob Dylan à Prince, jusqu’à Cream et Lenny Kravitz. Tous, quelque part, rejouent encore un peu de lui.
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Les leçons du Maître
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- Être différent. Crée ton propre son.
À propos de l’auteur
Yohann Abbou, fondateur de Guitar Social Club, guitariste, compositeur et pédagogue. Il perpétue cette idée chère à Hendrix : que la guitare n’est pas une science, mais une conversation intime avec soi-même.
FAQ — Les questions les plus posées sur Jimi Hendrix
Pourquoi Jimi Hendrix est-il considéré comme un génie ?
Parce qu’il a transformé la guitare en langage émotionnel total, liant technique, spiritualité et chaos maîtrisé.
Comment a-t-il appris la guitare ?
En autodidacte, sans lire la musique, uniquement à l’oreille et par observation.
Pourquoi jouait-il avec les dents ?
Pour le spectacle, mais aussi pour sentir les cordes différemment. Un geste d’instinct pur.
Quel ampli utilisait-il ?
Principalement des Marshall Super Lead 100, souvent reliés en série pour créer un mur de son.
Pourquoi a-t-il brûlé sa guitare ?
Un acte rituel, un sacrifice symbolique : offrir la musique au public comme un feu sacré.
Quelle relation avait-il avec Bob Dylan ?
De l’admiration pure. Hendrix a compris Dylan mieux que personne, transformant ses textes en matière sonore.
Quels guitaristes l’ont influencé ?
Albert King, Muddy Waters, B.B. King, Curtis Mayfield, Buddy Guy — les pères fondateurs du blues électrique.
Quels artistes a-t-il influencés ?
Prince, Stevie Ray Vaughan, Lenny Kravitz, John Frusciante, et bien d’autres — tous portent un peu de son feu.
Quel était son studio préféré ?
Electric Lady, qu’il a conçu lui-même. “Un lieu où la musique peut respirer.”
Où en savoir plus sur lui ?
Sur le site officiel jimihendrix.com.